Loyle Carner est un homme aux multiples facettes, mais en plus d'être le propriétaire de sa propre école de cuisine intelligemment appelée "Chili Con Carner", qu'il a fondée spécialement pour les enfants TDAH comme lui - un acteur occasionnel et un fils exemplaire, il est surtout connu comme un conteur doux et éloquent.

Un peu plus de deux ans après la sortie de son premier album "Yesterday's Gone", nominé au Mercury Prize, le jeune homme de 24 ans du sud de Londres revient avec un tout nouveau projet contenant quinze perles qui touchent nos cœur.
Si vous connaissez sa musique, vous savez que Loyle Carner adore sa mère. Sur son dernier album, le morceau d'ouverture "Dear Jean" évoque leur lien remarquablement étroit et la façon dont sa nouvelle relation avec sa femme - comme il aime l'appeler - a été un véritable défi émotionnel pour eux deux.
En guise de réponse, le dernier morceau ("Dear Ben", en référence au vrai prénom du rappeur) contient un poème sérieux de Mme Jean Coyle-Larner sur son fils, qui permet à l'ensemble de l'œuvre de faire le tour du monde. Entre les deux, le rappeur aborde à peu près n'importe quel sujet avec la même attitude confessionnelle et pleine d'âme.
Qu'il s'agisse d'une rencontre apparemment fugace avec un chauffeur de taxi ("Ice Water"), du décès d'un de ses chefs préférés ("Carluccio"), ou de sujets personnels plus profonds tels que tomber amoureux et déménager ("Dear Jean", "Ice Water"), être métisse ("Looking Back") ou perdre contact avec un ami ("Krispy"); Carner semble toujours trouver un moyen pour transformer ses pensées en chansons intelligentes et significatives, et vous laisser réfléchir de façon inopinée sur votre vie personnelle en retour.

Hier soir, nous avons pu assister au spectacle à guichets fermés au Botanique à Bruxelles, où Mr. Carner nous a offert un spectacle incroyablement intime.
Bien que sa présence sur scène puisse parfois être décrite comme un peu ridicule, le public tout entier semblait simplement captivé par son honnêteté et son charme naturel. Le rappeur nous a offert une agréable alternance entre les anciens et les nouveaux morceaux, en commençant par les nouveaux "Ice Water" et "You Don't Know" (ft. Rebel Klef, Kiko Bun) et en passant rapidement au plus connus "Stars & Shards". Sa cinquième chanson "The Isle of Arran" a vraiment fait bouger le publique et Carner a réussi à garder l'énergie pour le reste du spectacle.
Enfin, après trois sons consécutifs ("Ottolenghi" (ft. Jordan Rakei), "NO CD" (ft. Rebel Kleff) et "Ain't Nothing Changed"), le Londonien du Sud s'est lancé dans un intermezzo tranquille avec une poésie slam originale, avant de conclure le concert avec son morceau mélodieux "Loose Ends" (ft. Jorja Smith).
Certes, on pourrait facilement critiquer Loyle Carner en tant qu'artiste en le qualifiant de cinglé ou en soulignant le manque de variété dans sa musique.
Mais à quoi bon frapper quelqu'un qui essaie simplement d'être honnête dans sa musique et de faire ce qu'il aime ? De plus, c'est peut-être sa musique décontracté et jazzy, combiné à sa sensibilité flagrante et son mépris total pour tous les sujets habituellement couverts dans le rap, qui font de lui une force si rafraîchissante et terriblement excitante dans la musique actuelle.
Oh et aussi, comme l'a crié Carner à plusieurs reprises en quittant la scène :
"Fuck Brexit".